Communiqué de l’Intersyndicale
du Lycée Charles et Adrien DUPUY
Nous avons hier été destinataires d’un mail du Proviseur nous appelant à nous porter volontaires pour le dispositif « Vacances apprenantes ». Nous l’avons accueilli avec stupeur : si c’est une plaisanterie, elle est de bien mauvais goût.
Le Ministre semble découvrir que l’enseignement à distance creuse les inégalités déjà à l’œuvre dans le système scolaire. Il dit vouloir y remédier en proposant des cours « distanciels » (précision apportée par le Proviseur dans un second temps seulement) aux élèves pendant les vacances.
Nous rappelons :
- que l’enseignement à distance n’en est pas un : il s’agit de conserver un lien avec les élèves, pas d’acquérir de nouvelles notions dans le programme, ni d’évaluer des travaux réalisés derrière un écran avec ou sans aide extérieure.
- que nous, enseignant.es, travaillons depuis presque quatre semaines en distanciel, parfois beaucoup trop et dans des conditions difficiles, car NON « rien n’était prêt », contrairement à ce que claironnait notre ministre sur les chaînes TV. Nous déplorons les dysfonctionnements de l’ENT à ses débuts qui ont forcé des collègues à multiplier les canaux de communication avec les élèves ; ces collègues se retrouvent aujourd’hui parfois submergés par ces pratiques multiples et font remonter des situations de souffrance caractéristiques du burn out
- que nous, enseignant.es, travaillons depuis presque quatre semaines, contrairement à ce que laisse entendre la porte-parole de l’Elysée, madame Ndiaye, et que nous n’aurons pas le temps « d’aller cueillir des fraises » pour aider les agriculteurs. Nous aurons besoin de vacances, celles de la zone A. Sans compter que pendant les vacances les enseignant.es sont aussi au travail en corrigeant des copies, préparant des cours….
- que nos élèves travaillent, tant bien que mal, et parfois avec beaucoup de difficultés et de perte de sens, et qu’ils auront donc besoin de vacances eux-aussi.
Nous refusons :
- les pressions sur les personnels « sollicités sur la base du volontariat » : nous savons parfois ce que recouvre le terme volontariat, notamment sur les personnels contractuels.
- de créer un précédent : le ministère ne doit pas prendre la phase de confinement pour un laboratoire expérimental à son souhait de réduire les congés scolaires, comme il l’a déjà fait avec le décret du 8 septembre 2019 instaurant la rémunération de cinq jours de formation sur le temps des congés. Au retour, qui nous dit que certains dispositifs ne seront pas étendus…sur la base du volontariat, puis sous la contrainte ? Blanquer, c’est la « stratégie du choc » en pleine crise sanitaire pour lancer une nouvelle attaque sur l’école et sur nos statuts.
- de servir la communication ministérielle : NON, le Ministre se fiche des difficultés réelles des élèves, sinon il ne les entasserait pas dans des classes à 36 (voire davantage), sans dédoublements et sans AP. Il ne supprimerait pas des heures d’enseignement avec la réforme du lycée, n’abandonnerait pas les élèves de lycée pro et n’aggraverait pas le tri social avec Parcoursup.
Soucieux d’une école égalitaire et émancipatrice, nous appelons les collègues à refuser de se porter volontaires pour ce dispositif : oui, il faut aider les élèves en difficulté, mais pas de cette manière ! Nous n’avons pas attendu les injonctions du Ministre pour aider nos élèves en difficulté et nous soulignons le caractère fantasque d’un dispositif qui voudrait « raccrocher » par le distanciel des élèves qui ont précisément « décroché » … à cause du distanciel !
NON aux classes surchargées, NON à la disparition des heures de soutien (victimes collatérales de la dernière réforme du lycée), des options culturelles et sportives.
OUI aux effectifs réduits, OUI à l’embauche de personnels accompagnants (AVS, AESH…), OUI aux parcours culturels et sportifs enrichissants pour nos élèves !
L’intersyndicale CGT – FSU – SUD du Lycée Charles et Adrien Dupuy
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