C’est avec stupeur qu’au sortir du premier confinement, la FSU 43 a accueilli l’annonce d’une remise sur la table du projet de déviation de la RN88. Ce projet pharaonique qualifié par la Région AURA de « premier chantier routier de France », chiffré à plus de 260 millions d’euros, nous apparait comme étant démesuré et caduque. Nous posons la question suivante : comment est-il possible que le « monde d’après » ressemble aussi fâcheusement à celui « d’avant » ?
Notre pays est en proie à une crise sanitaire qui se couple d’une grave crise économique et sociale. Nous assistons à une explosion de la pauvreté, de la précarité, des licenciements, nous constatons un manque flagrant de personnels dans les services publics, à commencer par la fonction publique hospitalière, en première ligne pour soigner les malades. Cette crise sanitaire met en lumière le désinvestissement dont souffre notre service public depuis des années : partout, on déplore le manque de moyens pour contrer cette pandémie et ses conséquences sur la population. Comment comprendre, dès lors, qu’une telle somme puisse être engagée, alors qu’un projet de contournement plus sobre et moins coûteux des communes du Pertuis et de Saint-Hostien suffirait à redonner à ces deux villages la tranquillité et la sécurité auxquelles ils ont incontestablement droit ?
Cette crise sanitaire, économique et sociale est aussi une crise écologique, nous le savons : une crise du modèle productiviste à l’échelle globale, une crise de l’ultralibéralisme sourd et aveugle aux équilibres nécessaires entre l’activité humaine et son écosystème. Le lien entre la crise du Covid-19 et la disparition des niches et corridors écologiques qui mettent en danger l’habitat naturel des espèces animales est désormais établi. Que dire, par conséquent, d’un projet qui va mettre en péril des zones humides devenues trop rares, des espèces, des niches écologiques dont notre écosystème a besoin pour garantir sa survie ?
La FSU 43, en tant que signataire du manifeste « Plus jamais ça ! », en tant que fédération syndicale actrice de la transformation sociale et écologique, apporte tout son soutien au collectif de la Lutte des Sucs. La FSU 43, en tant que syndicat représentatif dans les différents versants de la fonction publique, et notamment dans les écoles, collèges, lycées, prendra sa part dans cette lutte. Notre jeunesse a aujourd’hui besoin qu’on investisse en elle et en son avenir, un avenir plus que jamais assombri par cet horizon de crise : rappelons que le coût de ce projet représente le budget pour trois ou quatre lycées publics. Les lycées, contrairement à ce type d’infrastructures, relèvent des compétences régionales : nous déplorons que l’argent public soit ainsi utilisé et dévié de sa trajectoire première, à l’heure où nous manquons par exemple d’agents territoriaux pour appliquer le protocole sanitaire dans les établissements scolaires. Nous déplorons en outre que d’autres alternatives de transports ne soient pas davantage étudiées, comme l’amélioration et le développement du trafic ferroviaire.
L’argent public ne peut plus être utilisé au service de projets anachroniques. Plus que jamais, investissons dans ce qui fera notre richesse de demain : Education et jeunesse. Par sa démesure, par son déni des enjeux liés au dérèglement climatique, ce projet doit être combattu :
exigeons de construire un « monde d’après » plus juste, solidaire, et à la hauteur des enjeux écologiques !
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