HAUTE LOIRE
Par la voix de Nathalie Collet, enseignante, les professeurs du lycée expriment leur indignation :
« Lundi 6 avril 2020 s’est tenu le Comité Technique Académique en visioconférence et malgré notre contestation, malgré l’intervention des syndicats SNES et FO, trois postes (deux en maths et un en Français ) ont été supprimés dans le mépris le plus total pour notre métier, dans le silence le plus total aussi.
Nous avons adressé le 29 mars, une nouvelle fois, une demande de rendez-vous au Recteur, dans l’espoir d’obtenir une entrevue par visioconférence concernant la rentrée 2020 au lycée Léonard de Vinci de Monistrol-sur-Loire. Cette requête lui a déjà été adressée trois fois (24/01, 31/01 et 10/03) et est restée lettre morte.
A l’heure où le monde traverse une crise sanitaire sans précédent, une prise de conscience généralisée se fait jour en France. Le service public est la colonne vertébrale de notre société et doit échapper aux lois du marché comme l’a rappelé le Président de la République lors de sa première allocution en date du 12 mars dernier.
Dans cet état d’urgence, les personnels des services publics, au premier rang desquels les personnels hospitaliers, commencent tout juste à être reconnus dans leur statut et leur mission. Respect et admiration pour ceux qui risquent leur vie tous les jours et sont en première ligne pour aider, soigner et sauver.
Dans le même esprit, une vidéo de remerciement a été adressée par le Ministre de l’Education nationale aux personnels enseignants pour leur engagement constant auprès de leurs élèves dans cette situation si particulière que nous vivons. La continuité pédagogique qui a toujours été le prolongement naturel de nos pratiques en classe a pris une dimension nouvelle et prononcée aujourd’hui.
C’est grâce à l’inventivité, la persévérance et le grand professionnalisme des enseignants qui accompagnent leurs élèves au plus près que cela est rendu possible. Enseignants, élèves et parents surmontent tous les jours les écueils d’une fracture numérique bien réelle en palliant les insuffisances des configurations digitales mises en place par l’institution. Les enseignants travaillent sans relâche depuis que les écoles sont fermées. Ils sont cette partie cachée de l’iceberg qu’il ne faut pas oublier.
L’éducation, après la santé, est notre bien le plus précieux. C’est un atout indispensable pour notre société ; c’est la mission première pour laquelle nous défendons l’école de la République.
La majorité des collègues et des parents d’élèves qui ont, eux aussi, réclamé une révision de la DHG (dotation horaire globale) se sentent méprisés par toute la hiérarchie de l’Education nationale.
Aucune réponse à nos quatre demandes de rendez-vous du Recteur, un manque de soutien véritable pour obtenir ce rendez-vous de Mme l’Inspectrice, soucieuse d’appliquer une coupe drastique au lycée Léonard de Vinci, relayé par nos chefs d’établissements.
Ce sont trois professeurs, deux en maths et un en Français, très investis au lycée qui vont devoir aller enseigner plus loin, alors qu’il y a le même effectif que cette année. Qui va faire cours de maths et de Ffrançais à nos élèves l’an prochain puisque le nombre d’élèves est constant ? Des professeurs remplaçants qui seront du coup moins investis car à cheval sur plusieurs établissements ?
A l’heure où l’enseignement des sciences devrait être primordial en pleine crise sanitaire, M. le Recteur s’autorise la suppression de deux postes en maths. A l’heure où M. Blanquer prône le retour aux fondamentaux, M. le Recteur s’autorise la suppression d’un poste de Français. Nos chefs d’établissements ont pris acte de ces suppressions et semblent préparer la rentrée comme si de rien n’était.
Nous sommes écœurés, nous qui en ce moment nous battons pour une continuité pédagogique extrêmement discriminante, qui va à l’encontre des valeurs de l’école de la République… Nous nous battons, pour maintenir un lien avec nos élèves malgré le confinement, mais pour quelle école ? »
